Le crime d’Hercule

Très jeune, Hercule s’était marié avec une princesse appelée Mégarée, qui lui avait donné trois enfants. Au début de son mariage, il avait promis à Mégarée de renoncer à ses voyages aventureux pour mener avec elle une vie de famille bourgeoise et tranquille.

Mais Hercule n’était pas fait pour le jardinage, le coin du feu et les pantoufles. Il ne tarda pas à s’ennuyer et se mit à boire avec excès. Déjà, lorsqu’il était sobre, il était enclin à des emportements subits et violents ; mais, lorsqu’il était ivre, il devenait la proie de véritables crises de démence. C’est au cours d’une de ces crises que, sans savoir ce qu’il faisait, il tua de ses propres mains sa femme et ses trois enfants. Il tomba ensuite, pendant toute la nuit, dans une sorte de coma.

Lorsqu’il en sortit, il ne se souvenait plus de rien. Hagard, il contempla les cadavres et, d’une voix tonnante, demanda à ses serviteurs terrorisés de lui dire qui avait commis le crime.

Personne n’osa d’abord lui répondre. Mais, comme il menaçait de massacrer toute la population de Thèbes, son père putatif, Amphitryon, rassembla son courage et lui dit la vérité. La colère d’Hercule se transforma alors en remords et en désespoir. Pendant plusieurs jours il resta prostré, sans manger, sans dormir et sans se laver. Ses serviteurs, ses amis, ses parents eux-mêmes le regardaient avec horreur et réprobation. Nul n’osait s’approcher de lui et le toucher, de crainte d’être souillé de son crime. Persuadé d’être à tout jamais maudit des hommes et des dieux, Hercule décida de mettre fin à ses jours. Il s’allongea sur son lit, saisit son épée, en appliqua la pointe sur sa gorge et…

— Entrez ! dit-il machinalement en entendant frapper.

La porte s’ouvrit et Thésée entra.